Le 25 décembre 1863, à Guernesey, Victor Hugo écrit dans un de ses nombreux carnets : « Je suis un homme qui pense à autre chose. » Cette phrase, on pourrait l’appliquer à tous les héros d’Antoine Blondin et surtout, bien entendu, à ceux qui lui ressemblent le plus : Muguet, Superniel, Perrin, Laborie, Fouquet. Ces personnages légers, curieux, fantasques, drôles, attendrissants, ne donnent jamais le sentiment d’être présents à l’univers qui les entoure. Ils sont insaisissables. Rien de ce qui les environne, maison, femme ou enfant, ne les retient, parce que rien ne peut rivaliser avec leurs rêves. Ils regardent toujours un peu au-delà de la ligne de fuite. Et leur créateur, d’où les regardait-il ? Il y a un mystère Blondin qui peut tenir en quelques mots : il n’aimait que la littérature et ne savait faire que ça. Mais il disait : « Ca m’ennuie beaucoup d’écrire. Ca m’ennuie de ne pas écrire, mais quand j’écris c’est encore pire. » Le ciel en soit loué, c’est le pire que, pour notre émerveillement et notre bonheur, il a longtemps choisi. Jacques Bens.
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