GRAINE D’ESPOIR

Fil rouge d’une histoire illustrée en noir et blanc, une graine de pissenlit s’envole du champ où elle vivait paisiblement poussée par un vent fort. Un vent qui n’annonce rien de bon… En s’approchant de la ville, elle sent la grisaille envahir l’espace. Une menace gronde :  » Des bruits de bottes et d’acier résonnent. » Voyageant à dos de rat, plongeant dans les égouts, se perdant dans les profondeurs d’un lac avant de trouver refuge sur le dos d’une fourmi, elle assiste au terrible spectacle de la guerre : le peuple pourchassé en fuite, l’instinct de survie décuplé, la frayeur sur le visage des enfants à la vue des soldats… Jerôme le Dorze et Stefano Arici évoquent la guerre d’une façon tout à fait inattendue. La représentation qu’ils nous offrent est tout à fait inhabituelle, nous dévoilant la guerre par ce qu’elle a de plus sombre : des soldats dénués de toutes expressions humaines, sans traits ; des villes et des forêts en deuil de vie, des hommes et des femmes devenus silhouettes anonymes en fuite … D’un texte qui ne raconte pas tout ce qui a déjà été dit sur la guerre mais s’attache à de petits détails ou à des scènes de vie qui croisent le chemin de la graine et des illustrations d’une noirceur extrême où le malaise perce, ils parviennent avec talent à dire cette vie qui s’amenuise, cette noirceur qui s’installe partout et tout espoir assassiné avant de naître. Et pourtant, il y a cette graine qui échappe à tout et parvient à se faufiler un chemin jusqu’à se blottir en terre et s’épanouir une fois la paix retrouvée.