En un temps où peintres, sculpteurs et musiciens trouvaient leur inspiration dans l’Antiquité païenne autant que dans la Bible, Fénelon, dans LES AVENTURES DE TELEMAQUE, peignait en tableaux enchanteurs ce qu’on appelait la fable, les dieux de la mythologie et les héros homériques. Loin de contredire le christianisme dévot et la spiritualité du pur amour de l’archevêque de Cambrai, l’Antique était, comme elle avait été chez Poussin et comme elle était chez Couperin, le moyen d’exprimer les inévitables questions sur lesquelles butaient les religions et les théologies : le désir, la culpabilité et la mort, la paternité et la filiation, la fragilité des cultures et la cruauté de l’histoire. Parce qu’elles étaient leurs questions, des générations de lecteurs, par-delà les modes et les goûts, se sont laissés séduire par cette fable, écrite pour le petit-fils de Louis XIV, à la fois ancienne et moderne, une des rares qu’on ait créées depuis l’Antiquité avec un aussi durable succès.
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