Littérature

Un p’tit café-resto du 15ème. Des tables en bois, quelques tableaux au mur, un décor simple et chaleureux. Ici, tout le monde se sent bien, comme à la maison et on dépose ses soucis à l’entrée. Emmanuelle en cuisine, Béné à la plonge, Maxime qui fait des extras et mixe les soirs de fête, Victoria qui gère tout ce p’tit monde avec bienveillance et affection, comme une maman. Et puis, moi, Elisabeth, mais vous pouvez m’appeler Lili, qui me lève le matin avec plaisir pour aller servir et discuter avec tous mes clients. Les habitués, les p’tits nouveaux. Tous ont une histoire à me raconter, ou que je devine derrière leur regard, leurs gestes, la lumière qui émane de leur présence. Je les observe depuis mon comptoir, en silence, et je ressens leurs émotions, joyeuses ou douloureuses. Je les vois vivre, aimer, tomber. Je m’attache à eux, très fort. Et quand ils passent la porte pour retourner dans leur quotidien, il laisse tous une petite trace d’eux, une empreinte dans mon cœur. Alors, quand je rentre chez moi, j’écris sur eux, pour garder une trace de leur existence. Pour me sentir plus légère aussi, car mes épaules portent le poids de leurs angoisses, en plus des miennes.